Petits essais en forme de notules

Malraux définit le lecteur par vocation comme celui qui jouit de «la faculté d'éprouver comme présents les chefs-d'oeuvre du passé»...



Je souscris à cette définition et m'attacherai à présenter ici quelques réflexions au fil de mes lectures qui suivent rarement l'actualité littéraire, pour le plaisir de partager découvertes ou, éventuellement, récriminations... . Quoique, la vie étant bien courte, il vaut mieux, dans la mesure du possible, écarter le désagréable lorsque cela, comme il arrive trop rarement, est en notre pouvoir et vouloir.






vendredi 28 décembre 2012

Photo de la semaine (38) : l'abominable chien des neiges



Il y a eu tempête sur le Québec jeudi : presque 50 centimètres en quelques heures! Il a fallu pelleter l'aire de jeu de Honey Comb qui a surveillé le tout pendant un petit moment avec le résultat qu'elle a été transformée en bonhomme de neige. Elle a mis un bon moment à sécher une fois la chaleur du foyer retrouvée.

La maîtresse a cependant longuement continué à oeuvrer derrière la pelle, et n'a pas complètement terminé d'ailleurs, car il faudra bientôt déneigé le toit...

Je vous ajoute quelques clichés d'une petite virée montréalaise au lendemain de la tempête.

Quand un Québécois vous dira : «on n'est pas sorteux», vous comprendrez, dorénavant, qu'il laisse aussi entendre que ce n'est pas toujours facile de sortir!



Les trajets des autobus sont déviés comme l'indique le panneau temporaire ci-dessus...


Les voitures stationnent tant bien que mal lorsqu'elles ne sont pas coincées comme la camionnette blanche sur la photo...



... et les piétons circulent à leurs risques et périls en essayant de ne pas glisser! Petite parenthèse : c'est une extrémité de la rue McGill sur laquelle se trouve la sculpture à laquelle j'avais prêté toutes sortes de propos amusants au moment des élections françaises...

Enfin,  je disais récemment à Anne, qui nous proposait quelques frivolités vestimentaires dans son dernier billet, qu'en tant que Québécoise, je ne pouvais m'ainsi vêtir sans risquer de mourir de pneumonie!  Voici plutôt ce qu'il faut pour survivre et gravir les montagnes de neige comme celle qui se trouve derrière moi : 


J'avoue qu'en matière d'élégance, on peut repasser, mais pour être bien au chaud et ne pas attraper la mort, c'est aussi royal que le bleu de mon anorak!

Je vous reviendrai le premier janvier pour des voeux plus détaillés, mais pour ceux qui n'auront pas le temps de repasser, j'en profite pour vous souhaiter une très bonne année, de la santé avant toute chose et, comme on disait ici il n'y a pas encore si longtemps, le paradis à la fin de vos jours!

Amartia aussi se trouve en ce moment dans un pays dont certaines régions sont enneigées... rendez-vous sur son blog pour découvrir les participants de la photographie de la semaine.








vendredi 21 décembre 2012

Photo de la semaine (37) : AHOUMMMMM!!!!



AHOUMMMMMM!

Le gros lot de loto-Québec atteint cinquante millions ce vendredi!

AHOUMMMMMM!

Joignez vos énergies positives aux miennes!

AHOUMMMMMM!

Si je gagne, je vous invite toutes à Montréal pour une super rencontre de blogueuses!

AHOUMMMMMM!

Vous avez compris : la folie est au rendez-vous!

JE SUIS EN VACANCES!!!!!!!
AHOUMMMMMM!





Notre amie Amartia est à l'origine de cette rencontre hebdomadaire qui oscille entre le tragique et le folichon selon la marche de notre bonne vieille planète... 



vendredi 14 décembre 2012

Photo de la semaine (36) : pourquoi?



Je  vous ai déjà présenté cette photo au printemps... je vous la remontre, toutefois, à défaut de pouvoir, vous me comprendrez, vous présenter mes nièces, car c'est bien évidemment à elles que je songe aujourd'hui à cause de cette nouvelles tragédie au sud de notre frontière. 

Newtown, Connecticut, 14 décembre 2012.

Pourquoi? La multiplication de ces   évènements sanglants aux États-Unis rend de plus en plus caduque la thèse de tireurs isolés, fous... Ces jeunes émanent d'une société.

Il y a deux semaines, des étudiants de l'institution où j'enseigne ont violemment pris à parti deux enseignants sous prétexte qu'ils avaient invité des soldats dans l'enceinte du Collège   C'était effectivement vrai : deux conférenciers qui avaient longuement hésité à venir parler de leur expérience et de la formation qu'ils recevaient lorsqu'ils étaient appelés à travailler avec des peuples de culture différente pendant leurs missions à l'étranger.  Une vingtaine d'étudiants se sont présentés avec des bâtons dont ils se servaient pour frapper par terre autour des enseignants. Puis, ils ont déversé des ordures sur la scène avant de s'y installer pour déterminer qui aurait le droit de prendre la parole. Cela a duré une heure et demie. Pourquoi les conférenciers ne sont-ils pas tout simplement partis? Je ne le sais pas. Je sais, moi, ce que j'aurais fait.

On a à nouveau évoqué l'épiphénomène, l'évènement isolé... Je ne peux pas m'empêcher de songer que cela naît pourtant d'un substrat, rend compte d'un climat, les plus faibles étant les premiers atteints par les fanatismes de tous ordres...

Les historiens rappelleront que notre société n'est pas plus violente, bien au contraire, que celle du Moyen Âge... La différence vient peut-être de la connaissance que nous avons dorénavant presque en temps réel de tout ce qui se commet comme crimes odieux à l'échelle de la planète; on peut aussi supposer que les truands du Moyen Âge écharpaient les quidams pour leur retirer leur bourse.  Le désir de tuer, et de tuer, qui plus est, des êtres innocents, pour exprimer un mal-être ne devait certainement pas être aussi fréquent...

Le mois de décembre comportera donc, à compter de cette année, deux anniversaires macabres : celui de la tuerie de l'école polytechnique de Montréal en 1989, le 6 décembre, et celui de Newtown, le 14 décembre...

C'était ma triste participation à la photo de la semaine d'Amartia

vendredi 7 décembre 2012

Photo de la semaine (35) : crèche napolitaine


Un mauvais tour de rein m'ayant retenue à la maison ces derniers jours, je puise à nouveau dans mes archives photographiques pour être en mesure de participer à la photo de la semaine.

J'ai voulu ajouter mon grain de sel aux divers blogs qui s'intéressent aux scènes de nativité. Par contre, ce sont les personnages qui entourent le coeur de la crèche que je suis à même de vous montrer, car, bien qu'il soit possible de photographier les peintures sous tous les angles, le Metropolitan interdit de photographier le grand arbre de Noël qu'il dresse dans son hall depuis 1957 et la crèche napolitaine qui l'accompagne. C'est donc à la dérobée que j'ai fait ces quelques clichés, et je n'ai pu me trouver dans le bon angle pour photographier Marie, Jésus et Joseph. Vous devrez donc faire le voyage vous-même si vous voulez admirer ces personnages dans toute leur splendeur!


En regardant pour vous l'article consacré à cette crèche sur le site du Metropolitan, j'ai été touchée d'apprendre que c'était la donatrice des figurines, Loretta Hine Howard, qui assurait chaque année avec sa fille, Linn, la disposition des quelque deux cents personnages. Depuis la disparition de sa mère, Linn perpétue la tradition et c'est dorénavant sa propre fille qui vient l'aider.

Moins connus que les santons de Provence, les personnages de cette crèche reprennent un peu le même principe puisqu'aux  personnages obligés des scènes de nativité s'ajoutent  paysans et animaux.  Ces figurines datent du XVIIIe siècle et ont été fabriquées dans la région de Naples.



Cette dernière image n'est pas très réussie, mais je l'ai tout de même introduite pour vous donner une idée de la grandeur de l'arbre qui est décoré d'une cinquantaine d'anges s'ajoutant aux personnages de la crèche.

Retrouvez les autres participants à la chronique de la photo de la semaine sur le site d'Amartia.




vendredi 30 novembre 2012

Photo de la semaine (34) : un grand plaisir et une dénonciation




Une fois n'est pas coutume : j'ai bonne nouvelle, comme disait notre directeur de choeur hongrois... Pour la première fois depuis 2008, je vais redonner, cet hiver, ce cours de courants artistiques et littéraires que j'aime tant! Alléluia!  Le calcul très pointilleux des charges individuelles d'enseignement me privait de ce plaisir depuis cinq ans... J'aurai donc l'occasion de m'adonner à mon vice en toute légitimité puisque je serai OBLIGÉE de travailler divers chapitres de l'histoire de l'art du XIXe et du XXe siècle pour préparer mon cours. Je pourrai ainsi vous faire bénéficier, sans trop donner dans la rhétorique professorale, de mes modestes recherches abandonnées ces derniers temps, car elles ne coïncidaient plus avec mon travail actuel.

Voici donc, pour débuter, un détail de Feu d'artifice du peintre québécois Alfred Pellan (1906-1988).  C'est le genre de chose que je ne serai plus  à même de vous montrer, car le Musée des Beaux-Arts de Montréal interdit dorénavant stupidement la photographie au moment même où de nouvelles cartes postales sont par hasard mises en vente. Comme si l'art canadien n'avait pas besoin de tous les moyens possibles de diffusion pour être connu!  Il y a une expression québécoise que j'aime bien et qui s'applique, me semble-t-il , au comportement actuel des dirigeants de ce musée : des quêteux montés à cheval! Le quêteux était ce personnage des villages québécois qui passait, de maison en maison, pour réclamer pitance ou gîte selon le moment de la journée. On lui ouvrait le plus souvent la porte au point qu'il y avait même, près de l'entrée, le banc du quêteux, meuble qui pouvait s'ouvrir pour révéler une paillasse.

L'expression «un quêteux monté à cheval» désigne donc métaphoriquement quelqu'un qui dispose de peu de moyens, mais qui a la prétention de faire comme s'il en avait beaucoup... Notre musée montréalais, qui ne se compare en rien aux grandes institutions muséales que sont le Louvre ou le Metropolitan, ne cesse de limiter les droits des visiteurs, qu'il s'agisse de photo, de dessin ou même de prise de notes avec une plume, le crayon à mine étant seul toléré! ZUT! Ce type de comportement n'encourage pas la fréquentation des musées et signale plutôt des visées à très courte vue de nouveaux riches...

C'est dit! Dès que j'aurai retrouvé la possibilité de me déplacer un peu plus, je tournerai le dos à ce musée provincial qui me fatigue par sa prétention de mauvais aloi!

Pour conclure, voici l'oeuvre intégrale dont le détail ci-haut provient :


Je vous reparlerai de Pellan une autre fois...


Bon an, mal an, certains des participants s'acheminent vers une année entière de «photos de la semaine».  A-t-on assez remercié Amartia qui a eu l'idée de ce rendez-vous? Notre fidélité est en soi une manière de remerciement...

vendredi 23 novembre 2012

Photographie de la semaine (33) : les chuchoteuses

Les Chuchoteuses de Rose-Aimée Bélanger (2002)
rue St-Paul, placette Saint-Dizier, Vieux-Montréal

Je n'ai jamais enseigné l'oeuvre de Tremblay; j'en connais pourtant l'essentiel ayant lu chaque nouveau texte au moment de sa publication et vu plusieurs des pièces de celui qui demeure probablement à ce jour notre plus grand dramaturge, ne serait-ce que par l'ampleur d'une oeuvre qui n'est d'ailleurs pas encore close.

Je vous envoyais donc en toute confiance, l'an dernier, voir la production Belles-soeurs lorsqu'elle a été annoncée à Paris, mais éloignement, calendrier ou histoire de gros sous ont fait en sorte que je n'ai guère eu d'échos et comme je suis une inénarrable tête de mule -comment survivre autrement dans le monde de l'enseignement ou dans notre monde tout court? -, je reviens aujourd'hui à la charge, histoire de narguer madame Cauchard qui, en hypokhâgne à Lyon, m'avait interdit d'utiliser des exemples tirés de la littérature québécoise.  Tête de mule ou, les mauvais jours, tête de cochon...

Depuis que j'ai vu pour la première fois cette sculpture sur la page Facebook d'une collègue, je n'ai cessé de l'associer plus ou moins consciemment, sans en rien connaître à l'origine, aux trois soeurs que l'on retrouve  dans certaines oeuvres de Michel Tremblay. Or, la semaine dernière, m'acheminant vers un restaurant trop bruyant du Vieux-Montréal, je suis tombée par hasard sur le trio qui, vu l'éclairage nocturne, semble plutôt en chocolat qu'en bronze, ce qui n'est pas pour me déplaire.

Les chuchoteuses de Rose-Aimée Boulanger* se trouve sur la rue St-Paul, pas très loin de la basilique Notre-Dame. Les entrevues visionnées sur la toile n'indiquent pas de parenté avouée entre l'oeuvre de la sculpteure et celle de Tremblay dont je vous parlerai quand même...

***

Pour faire une histoire courte, disons que Tremblay aime brouiller la chronologie. Ainsi met-il en scène, dans Albertine en cinq temps, le même personnage joué par cinq comédiennes différentes incarnant cinq âges de la vie du même personnage.  Il a d'ailleurs appliqué ce brouillage à l'élaboration même de son oeuvre puisqu'ayant tout d'abord écrit de nombreuses pièces de théâtre, il est, par la suite, revenu sur ses pas pour exposer le passé de ses personnages à travers le cycle romanesque intitulé Les Chroniques du plateau Mont-Royal.  

C'est dans ces chroniques, teintées de ce que l'on a appelé le «réalisme fantastique» que Michel Tremblay a intégré une sorte d'avatar «québécisé» des Parques, devenues quatre comme les trois mousquetaires... En lieu et place de Clotho, Lachésis et Atropos, la première tenant un fuseau sur lequel la seconde enroule un fil que la troisième coupera, nous retrouverons Rose, Mauve et Violette, trois tricoteuses interchangeables qui accompagnent les destinées des membres de la famille de Victoire, cette ancêtre première à la manière de l'Adélaïde Fouque des Rougon-Macquart. Elles apparaissent dès la toute première page de La Grosse femme d'à côté est enceinte tricotant les «pattes de bébé» pour l'enfant à venir de la grosse femme. À l'encontre des Parques, ces trois soeurs sont également des artistes, Rose excellant en poésie et les deux autres s'adonnant à la musique.

Ces personnages transcendent époques et générations. Seuls les êtres ayant une forme de double vue comme les artistes Josaphat-le-Violon, frère de Victoire ou Marcel, son petit-fils, voient les trois soeurs et leur mère, Florence. 

Univers à découvrir...

***

* Les minces renseignements recueillis sur la toile accordent la maternité de cette oeuvre à Rose-Aimée Bélanger dont l'histoire est pour le moins touchante. Née en 1923, elle ne disposait pas des subsides nécessaires pour poursuivre ses études en arts.  C'est donc à l'âge de cinquante ans, après avoir élevé huit enfants, qu'elle put enfin se concentrer à cette passion qui ne l'avait jamais quittée. Ses «femmes rondes», comme elle aime les appeler, tout d'abord de petits formats, ont à son grand étonnement intéressé un galeriste ontarien et sont maintenant vendues à travers tout le Canada.  La sculpture de la rue St-Paul pourrait d'ailleurs être acquise par un amateur fortuné prêt à débourser $75 000.


Amartia est à l'origine de cette chronique

P.S. On excusera ma défection de la semaine dernière, chaque existence comportant des évènements grinçants...

vendredi 9 novembre 2012

Photo de la semaine (32) : marre je vous dis!



Un peu de couleur et de sérénité!

Nécessité a-b-s-o-l-u-e, car je sens une bouffée non pas de chaleur, quoique...mais de violence!

Vous ne savez pas quoi? Le bon peuple estudiantin de mon Collège a aujourd'hui voté, en Assemblée générale, TROIS JOURS DE GRÈVE les 20, 21 et 22 novembre, en appui au mouvement international pour l'obtention de la gratuité scolaire.

Et qui sait qui va se taper des copies entre les bulles du 31 décembre après avoir sauté le 24?  Car il va falloir les reprendre ces trois jours ou, en tout cas, faire semblant!

Marre, je vous dis et encore... je ne me permets pas d'écrire tout ce qui me traverse l'esprit en ce moment, car les injonctions et autres poursuites ont plu sur la tête des administrations des Cégeps, au printemps dernier, et le WEB demeure une plateforme publique même si nous avons l'impression chaleureuse d'être entre nous.

Je ne vous dirai donc pas tout ce que je pourrais proférer si je m'ouvrais le clapet sans pouvoir le refermer, mais je vais laisser votre imagination folâtrer : vous savez, tous ces petits dessins de poulets embrochés et de couteaux sanguinolents accompagnés de spirales et de points d'exclamation dont les dessinateurs de BD parsèment leurs phylactères en lieu et place d'injures grossières qui tomberaient sous le couperet de la célèbre loi de 1949 qui a longtemps régi les publications pour la jeunesse, faisant en sorte qu'on y retrouve fort peu de femmes, car les contraintes de leur représentation étaient telles que les créateurs préféraient s’abstenir? et bien voilà! Imaginez tous ces petits dessins, rajoutez-en deux ou trois lignes  et vous serez encore loin du compte!

Marre, je vous dis, mais marre!!!

J'en avais oublié de vous renvoyer au blog d'Amartia pour retrouver les autres participants de cette chronique «photo de la semaine».  Mes excuses!!!



samedi 3 novembre 2012

Photo de la semaine (31) : féminisme?




Ayant dû composer, toute la semaine, avec la queue de l'ouragan Sandy, j'ai abandonné l'idée de partir à la pêche avec mon Nikon malgré la montée des eaux... Métaphore filée du samedi matin (!)

J'ai donc failli renoncer à ma participation hebdomadaire, mais, comme je ne suis pas une lâcheuse, j'espère que vous ne m'en voudrez pas de la qualité de ce cliché fait au Cégep avec le iPod qui se trouvait dans la poche arrière de mon pantalon...

Cette invitation épinglée sur les babillards du Collège m'a en effet retenue, car elle m'a semblé anachronique. Les fils d'argent qui parsèment désormais ma chevelure ne me permettant plus de me déguiser en étudiante, j'ai questionné les miennes pour savoir si elles iraient à cette réunion et si le mot «féminisme» avait pour elles un sens.  Silence, presque gêné je dirais. Personne n'a osé me répondre véritablement.  Comme je le pensais, le terme «féminisme» n'a plus beaucoup d'échos pour les jeunes filles de cette génération, à tout le moins au Québec où, il faut bien le dire, les apparences nous gâtent d'autant que l'élection récente d'une femme au poste de première ministre contribuera peut-être -mais attendons tout de même un peu avant de pavoiser- à percer le plafond de verre toujours présent au-dessus de nos têtes.

Je parle bien d'apparences, car peu de temps avant le discours inaugural de Pauline Marois à l'Assemblée nationale du Québec cette semaine, le député fédéral conservateur Stephen Woodworth a présenté, en septembre dernier, une motion pour tenter de faire modifier le statut juridique du foetus, pavant ainsi la voie à une éventuelle réouverture de la loi sur l'avortement. Bien que la motion ait été défaite, le vote de la ministre fédérale de la condition féminine, Rona Ambrose, en faveur de la motion en dit long sur ce qui grenouille du côté de la droite canadienne.  Ce n'est là qu'un des exemples du ressac observé ces dernières années...

Pour revenir à ma classe, j'ai tout de même réussi à jeter un pavé dans la mare et à susciter une petite remise en branle de l'activité neuronale de la gent féminine et estudiantine : nous disséquons, cette année, quelques passages des Femmes savantes.  Les vers suivants, extraits de la longue tirade de Chrysale à l'Acte II, ont suscité des demi-sourires qui disaient que l'on sentait bien ici le dix-septième siècle. Voici ces vers, en guise de rappel : 

Il n'est pas bien honnête, et pour beaucoup de causes,
Qu'une femme étudie et sache tant de choses.
Former aux bonnes moeurs l'esprit de ses enfants,
Faire aller son ménage avoir l'oeil sur ses gens,
et régler la dépense avec économie
Doit être son étude et sa philosophie.
Acte II, scène 7, vers  571 à 576


Après avoir commenté les paroles du mari de Philaminte, j'ai affiché à l'écran la photo de la jeune Malala Yousafzai : 

http://tribune.com.pk/story/453780/malala-out-of-coma-standing-and-walking-uk-doctors/


Assez étrangement, cette génération d'hyper-branchés suit assez peu l'actualité et seul un étudiant d'origine africaine avait entendu parler de la jeune collégienne agressée par les Talibans pour avoir défendu le droit des filles à une éducation de qualité.

J'ai allumé une petite étincelle avec ma conclusion-choc... je doute qu'elle enflamme un brasier, mais il faut tout de même rappeler périodiquement que la réalité que vivent les femmes québécoises est récente.  Les privilèges dont nous jouissons ne sont pas à la portée de toutes, bien malheureusement, et c'est une raison de plus pour tenter de les préserver et pour en tirer le meilleur parti possible.

Retrouvez les autres participants sur la page de l'initiatrice Amartia.






vendredi 26 octobre 2012

Photo de la semaine (30) : Trick or treat!


Comme les feuilles sont tombées, il fallait trouver ailleurs un peu de couleur! L'Halloween approchant à grands pas, les citrouilles attendent d'être vidées, puis décorées. Dommage, toutefois, que leur pulpe soit rarement utilisée pour faire d'excellentes tartes juste un peu relevées d'épices.

Je ne résiste pas au plaisir de vous raconter une petite anecdote au sujet de l'Halloween... Ma grand-mère paternelle était grande joueuse de tours devant l'Éternel. Elle ne ratait pas une occasion. Au début des années soixante, alors que je n'étais pas encore assez grande pour l'accompagner à la recherche de bonbons, elle décida de surprendre mon grand-père maternel qui se tenait souvent, pour aller fumer une pipe, dans le garage en face de la maison.  Le soir venu, ma grand-mère revêtit donc l'habit de noces de son mari, et se grima si bien que mon grand-père maternel ne la reconnut point. Il fit simplement cette réflexion : «Y'en a des pas jeunes, jeunes qui courent l'Halloween à soir!»

Le lendemain matin, alors qu'il était venu prendre son café du matin chez elle, ma grand-mère paternelle raconta à mon grand-père ce qu'elle avait fait.  Il ne voulut pas la croire et elle dut ressortir l'habit de noces de son mari pour lui faire admettre que c'était bien elle, déguisée, qu'il avait vue le soir précédent.

C'était ma participation à la photo de la semaine d'Amartia.



vendredi 19 octobre 2012

Photo de la semaine (29) : éclectisme montréalais



Ma semaine a été consacrée au retour en classe et au sommeil, le premier ayant entraîné un accroissement soudain de l'envie du second.  Je vous mentirais donc si je vous disais que cette photo a été prise dans les derniers jours.

Elle est par contre relativement récente puisqu'elle date de juin dernier.  Il s'agit d'une vue de plusieurs des bâtiments entourant une place montréalaise ancienne qui se nomme la Place d'armes.  

À droite, l'édifice dont les étages sont de plus en plus en retrait au fur et à mesure que le bâtiment gagne en hauteur est l'édifice Aldred.  De plus près, on pourrait remarquer des bas-reliefs, particulièrement au-dessus des ouvertures, qui rappellent que l'Aldred, du nom du président des deux compagnies d'électricité qui l'ont fait construire, date du début des années trente et qu'il est donc représentatif de la période de l'art déco.  Je ne résiste pas au plaisir de vous poser une petite colle : à quoi servait exactement cette mise en retrait des étages que l'on observe aussi à New York?

L'église qui borde le côté sud de la Place d'armes et dont on aperçoit ici le chevet et l'arrière des deux tours est notre basilique Notre-Dame.  Érigée entre 1824 et 1829, elle reprend les caractéristiques du style néo-gothique.

Deux autres édifices sont moins visibles sur ma photo : l'immeuble contemporain qui borde le côté gauche est une des succursales de la Banque Nationale. Quant à la coupole au fond de la photo, elle appartient à la Banque de Montréal sur laquelle je reviendrai un jour.

En effet, je ne tenais pas à vous faire un exposé exhaustif sur les constructions entourant cette place.  Je voulais simplement vous montrer ce qui caractérise l'architecture montréalaise.  Cela charme ou déplaît selon les individus, mais Montréal est  une ville  résolument éclectique en matière d'architecture, et cela se vérifie aussi ailleurs, car les contraintes en matière de cohérence  esthétique du développement urbain ne sont pas très importantes au Québec.

La photo a été prise à partir de la tour d'observation du Musée Pointe-à-Callières.

Retrouvez les autres participants à la photo de la semaine sur le site d'Amartia


Solution de l'énigme : l'Aldred est un bâtiment qui, au moment de sa construction, passait pour un gratte-ciel!  Il y avait donc une législation, qui avait cours aussi, à la même époque, à New York, qui demandait un petit retrait -pas assez large pour une terrasse!- au fur et à mesure que les étages d'élevaient, pour ne pas priver les constructions avoisinantes de la lumière du soleil!  Cet altruisme architectural a complètement disparu, avec les décennies, d'où le fait que l'immense édifice de la Banque Nationale fait projette dorénavant son ombre sur toute la Place une bonne partie de la journée.

Pour atténuer ou exacerber (!) les regrets de Christine, voici une autre photo.  Je me suis décalée vers le sud pour prendre cette vue d'une partie du VIeux-Port de Montréal avec, en arrière-plan, l'un des ponts puisque Montréal est une île : le pont Jacques-Cartier.





vendredi 12 octobre 2012

Photo de la semaine (28) : carte postale!!!






Il en fallait bien une!

L'automne québécois et ses couleurs!  Ici, chez monsieur Villeneuve dans le comté des Deux-Montagnes, pas très loin de St-Eustache dont je ne désespère pas de vous parler un jour, malgré la reprise bien malencontreuse des cours ce lundi.  Dieu qu'il est parfois pénible de gagner sa croûte et le beurre pour l'agrémenter!!!

Ma tante Huguette et moi sommes donc allées chercher des pommes chez monsieur Villeneuve, mais comme les pommes étaient déjà cassées, j'en ai profité pour faire la rencontre de plein de nouveaux amis: 





Le petit veau tout triste de ne pas pouvoir venir jouer avec nous...




Le plus gourmand des trois chevaux qui m'a réclamé un morceau de ma pomme!




Et évidemment, Copain le bien nommé qui, ayant flairé la bonne poire, mais n'ayant pas de balle à portée de museau, m'a tenu en haleine pendant une bonne demi-heure avec cette grosse pomme jaune bien ferme que je lui lançais et qu'il me rapportait aussitôt!

Une expédition qui m'a rappelé que mes racines paysannes ne sont jamais très loin..

P.S. J'oublie parfois de saluer Amartia, mais, dorénavant, tout le monde sait qu'elle est à l'origine de ce rendez-vous qui approche de son premier anniversaire!








samedi 6 octobre 2012

Photo de la semaine (27) : New York



Cette photo n'a malheureusement pas été prise cette semaine, car je n'ai guère eu l'occasion de lever le nez de mes copies.  C'est maintenant terminé... c'est-à-dire que nous venons de mettre un terme à la session Hiver-2012 et que nous devons officiellement commencer le 15 octobre, avec six semaines de retard, la session d'automne.  Comme la hausse des droits de scolarité a été annulée par le gouvernement de Pauline Marois, au risque de me faire lyncher par tous ces gens qui ont célébré la mise en mouvement de cette belle jeunesse, je pense, par devers moi, qu'il y a eu beaucoup de temps perdu.  Chez Proust, d'accord, mais pas dans ma vie...

Compte tenu des vicissitudes de mon existence palpitante, je me permets donc de vous présenter une photo montrant l'aigle américain en avant-plan, car, lorsque mes oreillers traînaient entre les copies au moment, par exemple, de la vaisselle, j'ai beaucoup entendu parler du premier débat qui s'est tenu, cette semaines, entre les deux candidats à la présidence américaine, Romney et Obama.

Difficile d'oublier que nous sommes les voisins de ce géant qui continue à occuper une place de choix dans nos actualités malgré les problèmes économiques des dernières années ou à cause d'eux.

Les grandes voyageuses que sont la plupart des blogueuses peuvent-elles reconnaître le bâtiment new-yorkais ici représenté?



Pour retrouver les autres participants, faites un petit détour par le site 

Un petit ajout spécialement pour Amartia :


À la faveur de la nuit, la pierre prend une couleur chaude tout à fait réjouissante.
C'était ma dernière soirée new-yorkaise et je ne voulais pas partir!

samedi 29 septembre 2012

Photo de la semaine (26 bis) : pas pu résister!

Oui, Christine, quand on est délinquante, on ne se refait pas à mon grand âge.

Voici donc en réponse à Norma :





Il faudrait bien que je l'installe à ma porte, mais j'ai peur des larcins.  Cette pièce unique et en français est d'autant plus curieuse qu'elle a été achetée à New York!!!

Excusez-la...

vendredi 28 septembre 2012

Photo de la semaine (26) : St-Eustache

J'ai failli vou servir ceci comme photo de la semaine :


Cela aurait pu s'intituler  tout ce qu'il faut pour survivre à une journée de corrections : de gauche à droite... pile de BD pour ne pas réduire en confetti les copies remplies d'inepties; un petit verre de vin pour aider à digérer; du café pour se tenir réveillé et quelques carrés de chocolat (sur la petite soucoupe) pour augmenter le pourcentage de caféine. Le hic, c'est qu'étant allergique à la caféine, le lendemain, je ne suis plus bonne à rien!!!

Bon. 

Comme Christine m'a intimé de respecter les règles édictées par Amartia, je rétrograde et vous présente plutôt cette photo :



Je ne puis guère développer, car il me faudrait d'autres images pour bien expliquer; il vous faudra donc attendre un billet non soumis aux règles amartiennes pour savoir pourquoi cette église  a une importance certaine dans ma petite histoire comme dans la grande.

À tout bientôt, comme dirait Danielle, qui n'est toujours pas revenue apparemment...

Pour retrouver les autres participants, rendez-vous chez Amartia ...

P.S. Dans son extrême mansuétude, Amartia n'a jamais établi de règles strictes de participation. Il s'agit plutôt d'un petit jeu entre Christine et moi, car elle me reproche amicalement, pour me taquiner, de ne pas toujours m'en tenir à une seule photo hebdomadaire... Voilà les choses clarifiées!


vendredi 21 septembre 2012

Photo de la semaine (25) : piste cyclable



Journée sans ma voiture aujourd'hui à Montréal... Tu parles!  Devant les protestations des commerçants du centre-ville qui s’insurgeaient contre cette pauvre journée annuelle, on a déplacé le périmètre piétonnier dans le Vieux-Port, lieu où la population converge surtout les fins de semaine... Bravo... Si, côté fourchette, Montréal est plutôt gastronomiquement française, en matière de transport, nous sommes profondément nord-américains et, avant d’abandonner la voiture individuelle, il faudra un long chemin de Damas, de préférence bien pavé et carrossable.

Cela étant dit, quelques tentatives d'inciter les gens à modifier leurs habitudes en matière de transport voient le jour.  Comme cette piste cyclable en plein centre-ville sur le boulevard Maisonneuve.  Situé entre les deux artères plus importantes, Ste-Catherine au sud et Sherbrooke un peu plus au nord, Maisonneuve accueille dorénavant une assez longue piste cyclable qui porte, depuis 2008, le nom de la militante écologiste Claire Morissette, qui a beaucoup milité pour une circulation plus facile et plus sécuritaire des vélos à Montréal.  Elle est également la fondatrice de l'entreprise Communauto qui permet, grâce à un abonnement, d'utiliser des voitures se trouvant en différents endroits de la ville, pour quelques heures ou quelques jours.   Assez paradoxalement, Communauto est aujourd'hui beaucoup plus florissante que la société de location de vélos Bixi qui fonctionne sur le même principe, mais qui est en perpétuel déficit...




Pour retrouver les autres participants de cette rubrique, faites un petit tour chez Amartia




samedi 15 septembre 2012

Photo de la semaine (24) : Place Ville-Marie

J'aurais pu vous mettre mon autoportrait après une semaine complète en classe, mais je ne voulais pas faire fuir les lectrices et lecteurs de ce blog!

Voici donc celle qui a l'insigne honneur d'être née tout juste une année après moi et qui fête donc ses cinquante ans cette semaine : la Place Ville-Marie...


J'espère trouver un peu de temps, cette semaine, pour vous parler plus longuement de ce bâtiment qui, à l'instar de l'Arche de la Défense ou de la Part-Dieu de Lyon, fit beaucoup parler de lui, en mal, au moment de sa construction en 1962.  Ce gratte-ciel, qui était alors le plus haut de Montréal, se trouve juste au bout de l'avenue McGill dont je vous ai déjà présenté l'une des sculptures au moment des élections françaises.  Vue du dessus, sa forme de croix n'a rien à voir avec le passé religieux de Montréal qui s'appelait d'ailleurs, à l’origine, Ville-Marie.  Cette façon de construire servait plutôt à assurer un maximum d'ensoleillement au plus grand nombre de bureaux possible, cet édifice abritant essentiellement de grands bureaux et une galerie marchande au niveau de la rue.

Allez, zou! Je me donne un petit coup de pied et je replonge dans mes copies.

Michelaise, tu me comprends!

@ +

P.S. Consulter le site d'Amartia pour admirer les oeuvres des autres photographes hebdomadaires...




vendredi 7 septembre 2012

Photo de la semaine (23) : 4 septembre 2012



Ma photo de la semaine n'est pas une véritable photo... simplement la reprise du travail d'autres photographes.  L’évènement décrit est toutefois trop important pour que je le passe sous silence.

Le mardi 4 septembre, le Parti Québécois a été porté au pouvoir avec une courte majorité : 54 sièges contre 50 pour le Parti Libéral.  Cela a permis à la chef du parti québécois, madame Pauline Marois, de devenir la première femme, dans l'histoire du Québec, à accéder au poste de premier ministre.

Une autre femme chef de parti, ou plutôt, porte-parole comme elle aime se désigner, a également été élue : madame Françoise David, co-porte-parole, avec Amir Khadir, du parti progressiste Québec Solidaire.

Il y avait donc tout lieu de se réjouir, mardi soir... Pourtant, comme en témoignent les deux photos au bas de la mienne, le discours de la première ministre désignée a été brutalement interrompu, deux gardes du corps l'ayant précipitamment obligée à quitter la scène.  L'écran de télé est demeuré vide quelques secondes alors que les commentateurs se demandaient comme les téléspectateurs et les partisans rassemblés au Metropolis, salle de spectacle montréalaise, ce qui se passait.

Un homme s'était introduit à l'arrière de la salle avec une arme à feu.  Un technicien qui s'est interposé a perdu la vie et un autre a été blessé.  L'homme a également eu le temps d'allumer un incendie à l'arrière du bâtiment.  Au moment où il a été appréhendé par la police, il s'est écrié : «Les Anglais se réveillent!»

Depuis ces évènements, les mises en garde contre les amalgames rapides et simplistes fusent.

Un fait demeure : l'élection de la première femme au poste de premier ministre du Québec aura été bien malheureusement associée à un attentat qui s'est avéré mortel...

C'est bien dommage.

P.S. Pour celles qui souhaitent aller un peu plus loin, voici le lien vers un article que j'ai trouvé éclairant : http://lepetitrenaudon.blogspot.ca/2012/09/pq-prononcer-pe-k.html


Perdue dans mes réflexions, j'ai oublié de mentionner qu'Amartia
est à l'origine de cette rencontre hebdomadaire...