Petits essais en forme de notules

Malraux définit le lecteur par vocation comme celui qui jouit de «la faculté d'éprouver comme présents les chefs-d'oeuvre du passé»...



Je souscris à cette définition et m'attacherai à présenter ici quelques réflexions au fil de mes lectures qui suivent rarement l'actualité littéraire, pour le plaisir de partager découvertes ou, éventuellement, récriminations... . Quoique, la vie étant bien courte, il vaut mieux, dans la mesure du possible, écarter le désagréable lorsque cela, comme il arrive trop rarement, est en notre pouvoir et vouloir.






mardi 14 décembre 2010

La Tournée d'automne




J'ai récemment commenté, dans un autre blog, La carte et le territoire de Michel Houellebecq, lu en septembre, avant qu'il ne soit «goncourisé», les Sirènes de l'actualité littéraire m'ayant pour une fois charmée...


Ce n'est pas ma pente naturelle.


Ayant un petit peu lu, j'ai plutôt tendance à revenir vers les sentiers déjà fréquentés, ce qu'approuveraient d'ailleurs très certainement et l'auteur, et le narrateur de La Tournée d'automne de Jacques Poulin.


Comme Anne Hébert, cet auteur québécois a longtemps vécu à Paris, mais, comme elle aussi, il a le plus souvent choisi le Québec comme décor de ses récits.


Dans La Tournée d'Automne, c'est même carrément la ville de Québec qu'il met tout d'abord en scène avant que le conducteur du bibliobus ne parte en tournée.


Sur les étagères de ma bibliothèque, cet ouvrage se trouve écartelé entre la littérature québécoise et la section des «livres-qui-parlent-des-livres». Car c'est là vraiment le propos fondamental de cette oeuvre de Poulin.


Le personnage principal, le Chauffeur, est en effet grand lecteur devenu passeur puisqu'il sillonne, l'été venu, les routes joignant les villages non desservis par une biliothèque.


Il a en effet transformé un vieux camion de laitier en «bibliothèque ambulante» savamment aménagée pour qu'on puisse aussi y retrouver le nécessaire pour dormir et se sustenter.


Imaginez le plaisir de transporter avec soi une bibliothèque! Et qu'on ne me parle pas de Kindle ou autre liseuse électronique. Voici ce que l'on ne pourra jamais faire avec de telles tablettes :


Il ouvrit une des portes arrière, abaissa le marchepied

et monta à l'intérieur... Après toutes ces années, le charme

opérait toujours : sitôt la porte refermée, on se trouvait

dans un autre monde, un monde silencieux et réconfortant

où régnaient la chaleur des livres, leur parfum secret et

leurs couleurs multiples, parfois vives,

parfois douces comme le miel.