Ayant dû composer, toute la semaine, avec la queue de l'ouragan Sandy, j'ai abandonné l'idée de partir à la pêche avec mon Nikon malgré la montée des eaux... Métaphore filée du samedi matin (!)
J'ai donc failli renoncer à ma participation hebdomadaire, mais, comme je ne suis pas une lâcheuse, j'espère que vous ne m'en voudrez pas de la qualité de ce cliché fait au Cégep avec le iPod qui se trouvait dans la poche arrière de mon pantalon...
Cette invitation épinglée sur les babillards du Collège m'a en effet retenue, car elle m'a semblé anachronique. Les fils d'argent qui parsèment désormais ma chevelure ne me permettant plus de me déguiser en étudiante, j'ai questionné les miennes pour savoir si elles iraient à cette réunion et si le mot «féminisme» avait pour elles un sens. Silence, presque gêné je dirais. Personne n'a osé me répondre véritablement. Comme je le pensais, le terme «féminisme» n'a plus beaucoup d'échos pour les jeunes filles de cette génération, à tout le moins au Québec où, il faut bien le dire, les apparences nous gâtent d'autant que l'élection récente d'une femme au poste de première ministre contribuera peut-être -mais attendons tout de même un peu avant de pavoiser- à percer le plafond de verre toujours présent au-dessus de nos têtes.
Je parle bien d'apparences, car peu de temps avant le discours inaugural de Pauline Marois à l'Assemblée nationale du Québec cette semaine, le député fédéral conservateur Stephen Woodworth a présenté, en septembre dernier, une motion pour tenter de faire modifier le statut juridique du foetus, pavant ainsi la voie à une éventuelle réouverture de la loi sur l'avortement. Bien que la motion ait été défaite, le vote de la ministre fédérale de la condition féminine, Rona Ambrose, en faveur de la motion en dit long sur ce qui grenouille du côté de la droite canadienne. Ce n'est là qu'un des exemples du ressac observé ces dernières années...
Pour revenir à ma classe, j'ai tout de même réussi à jeter un pavé dans la mare et à susciter une petite remise en branle de l'activité neuronale de la gent féminine et estudiantine : nous disséquons, cette année, quelques passages des Femmes savantes. Les vers suivants, extraits de la longue tirade de Chrysale à l'Acte II, ont suscité des demi-sourires qui disaient que l'on sentait bien ici le dix-septième siècle. Voici ces vers, en guise de rappel :
Il n'est pas bien honnête, et pour beaucoup de causes,
Qu'une femme étudie et sache tant de choses.
Former aux bonnes moeurs l'esprit de ses enfants,
Faire aller son ménage avoir l'oeil sur ses gens,
et régler la dépense avec économie
Doit être son étude et sa philosophie.
Acte II, scène 7, vers 571 à 576
Après avoir commenté les paroles du mari de Philaminte, j'ai affiché à l'écran la photo de la jeune Malala Yousafzai :
http://tribune.com.pk/story/453780/malala-out-of-coma-standing-and-walking-uk-doctors/ |
Assez étrangement, cette génération d'hyper-branchés suit assez peu l'actualité et seul un étudiant d'origine africaine avait entendu parler de la jeune collégienne agressée par les Talibans pour avoir défendu le droit des filles à une éducation de qualité.
J'ai allumé une petite étincelle avec ma conclusion-choc... je doute qu'elle enflamme un brasier, mais il faut tout de même rappeler périodiquement que la réalité que vivent les femmes québécoises est récente. Les privilèges dont nous jouissons ne sont pas à la portée de toutes, bien malheureusement, et c'est une raison de plus pour tenter de les préserver et pour en tirer le meilleur parti possible.
Retrouvez les autres participants sur la page de l'initiatrice Amartia.
Facebook vient de censurer une égyptienne qui a posé sans voiles en tenant un panneau ou il est écrit.
RépondreSupprimer" Je soutiens le soulèvement des femmes du monde arabe parce que pendant vingt ans, je n'ai pas été autorisé a sentir le vent dans mes cheveux"
Cette photo étant jugée outrageante la photo a été censuré et le compte bloqué pendant 24 heures.
Sans commentaires !!!!
http://www.francetvinfo.fr/video-elle-pose-sans-voile-facebook-censure-sa-photo_164671.html
Bisous et belle soirée
Notre Cégep a été mis sur la sellette, l'an dernier, car une enseignante de langue disait qu'il était difficile pour elle de travailler avec une étudiante qui portait un voile intégral. Cette étudiante a évidemment alerté la presse, mais, malgré le fait que nous soyons au pays des accommodements raisonnables, le Cégep a eu cette fois-là gain de cause.
SupprimerCe n'est malheureusement pas toujours le cas, et les Québécois sont souvent très débonnaires en pareille situation par crainte d'être taxés de xénophobes. Disons que, dans ce domaine, je ne me sens pas tellement de mon pays!
Bises et bonne semaine!
Bravo pour ton billet Marie-Josée et ton intervention-rappel auprès de tes étudiants (e) quant à la condition des femmes, encore si fragile de par le monde
RépondreSupprimerMerci, Fifi!
SupprimerOn marche parfois sur des oeufs dans ce genre de circonstances, mais, vraiment, Molière me tendait une perche que je ne pouvais refuser pour réactiver son «ridendo castiga mores» (Par le rire, il châtie les moeurs)à ma façon!
à tout bientôt, ici ou chez toi!!!
Bien dit Marie-Josée et bravo pour ton courage d'aborder ces questions avec tes étudiantes. Moi aussi cette affiche me surprend.
RépondreSupprimerPersonnellement, je crois que même ici dans notre société québécoise, la question féministe est loin d'être réglée. Dans le dernier gouvernement libéral, il y avait plusieurs femmes ministres mais peu m'impressionnaient et pour plusieurs d'entre elles, leurs "lignes" étaient écrites par d'autres qu'elles-mêmes.
Bonne fin de journée.
Linda
Tu as raison, Linda, et ce sont d'ailleurs des femmes que Jean Charest a successivement sacrifiées : Nathalie Normandeau, Line Beauchamp, Michelle Courchesne...
SupprimerDans le premier gouvernement du parti québécois, il y avait moins de femmes, mais la seule dont je me souvienne - y en avait-il plus qu'une d'ailleurs?- continue encore aujourd'hui à secouer la société québécoise : Lise Payette aura fait sa marque autant en politique qu'à la télé.
J'ai récemment été surprise par les prises de position féministes de Monique Jérôme-Forget à la sortie de son livre... Qu'en as-tu pensé?
Bon dimanche à toi
Je n'ai pas suivi la sortie du livre de Monique Jérôme-Forget. Je t'avoue, bien que je me considère comme une personne de droite sur plusieurs points, je ne suis pas facile à suivre sur d'autres points. Ainsi pour moi, Monique Jérôme-Forget n'est qu'une bourgeoise et il en faudrait beaucoup pour qu'un jour ses positions m'impressionnent. Certaines femmes dans la vie publique m'impressionnent par les propos qu'elles tiennent mais ce ne sont pas Monique Jérôme-Forget ni Lise Payette. Le rôle que cette dernière donnait dans son talk-show à M. Fauteux (qu'il soit ou non volontaire pour le tenir) ne l'a jamais grandie à mes yeux.
SupprimerLa vérificatrice générale Sheila Fraser, à la retraite à présent, faisait partie pour moi, des femmes qui sont capables d'améliorer notre société. J'aurais voté pour elle comme première ministre sans hésitation.
Ce ne sont que mes impressions parce que je ne suis pas vraiment politisée et je me demande si un jour je ne voterai pas en blanc compte tenu de la palette de candidats et candidates qui nous sont proposés et qui me désolent. Je plains les Montréalais qui vont devoir voter dans la prochaine année pour le poste de maire. L'élection de Denis Coderre me donne des frissons....
Bonne fin de journée.
Linda
Excuse mon retard, profession oblige...
SupprimerMonique Jérôme-Forget ne m'impressionne pas plus qu'il faut, mais son féminisme m'a surprise, car l'ouvrage qu'elle vient de publier est un plaidoyer pour une plus grande place des femmes dans le monde des affaires, ce qui ne serait pas une mauvaise chose.
Tu es un peu sévère avec Lise Payette et tu ne retiens que le tout début de sa carrière. J'étais trop petite pour écouter Appelez-moi Lise, mais j'ai suivi, cet été, la série radiophonique qui reprenait les meilleures entrevues et j'ai été impressionnée par leur intérêt. Jacques Fauteux avait le rôle de faire-valoir comme dans les duos comiques, et je ne crois vraiment pas que Lise Payette faisait preuve d'un manque de considération à son endroit. Son passage en politique, puis ses divers téléromans ont aussi contribué à faire évoluer la société québécoise.
Par ailleurs, je suis d'accord avec toi quant à l'intérêt de la vérificatrice générale Sheila Fraser...
à bientôt
Félicitations, Marie-Josée! Le confort de la vie moderne ne doit pas faire oublier la vigilance afin que la "solidarité féminine" ne devienne pas une expression vaine, partout où elle s'avère nécessaire.
RépondreSupprimerLe confort et la solitude que permettent les nouvelles technologies qui nous rendent de moins en moins dépendants les uns des autres à certains égards.
SupprimerC'est un paradoxe que nous n'avons pas fini d'étudier!
Très bon dimanche!
Les jeunes, tant françaises que québecoises, ne mesurent pas la chance qu'elles ont d'avoir droit à l'enseignement scolaire.
RépondreSupprimerJ'aimerais qu'en France des professeurs suivent votre exemple et osent parler de cette jeune pakistanaise qui se bat depuis son plus jeune âge. C'est un miracle qu'elle soit vivante après avoir été prise pour cible par un taliban. Quelle courage si jeune ! elle mérite de s'en sortir et d'être désormais protégée 24h/24, ses ennemis ayant fait savoir qu'ils sont prêts à recommencer et que cette fois ils ne la rateront pas. D'après Wikipédia, elle est soignée en Angleterre et j'espère pour elle qu'elle pourra y demeurer si elle le souhaite.
En France, la cause des femmes demeure fragile. Les atteintes contre la loi Veil le prouvent (dernièrement, la députée Bérangère Poletti s’est opposée à un amendement de sa suppression signé par six de ses collègues de l'UMP !).
Je suis certaine, Tilia, que j'ai des collègues françaises qui font la même chose que moi au détour d'un texte qui leur permet de faire réfléchir les jeunes...
SupprimerLes Québécoises ont avancé plus rapidement depuis les années soixante, car le poids des institutions était moins lourd à secouer, la tradition étant moins ancienne.
Il faut toutefois demeurer circonspectes : on ne change pas, en cinquante ans, un atavisme de quelques millénaires...
Bon dimanche.
P.S. Votre Paul Ranson me fascine et je me suis prévu un peu de temps, demain, pour lire lentement votre billet du 31!
Cette semaine, ta photo est belle, par son importance. Oui, il ne faut pas considérer nos droits comme des acquis et oui, il faut encore et toujours rester vigilantes.
RépondreSupprimerMerci Amartia... Je vois que nous sommes plusieurs à avoir le même point de vue et cela est rassurant!
SupprimerBonne semaine à toi
Je crains que l'élection d'une femme ne suffise pas à faire disparaître tous les problèmes, les situations contre lesquelles les féministes ont lutté, même si le Canada est un peu en avance sur certains autres pays islamiques ou autres.
RépondreSupprimerC'est bien évident, François, c'est ce qui explique que je ne me fasse guère d'illusions...
SupprimerBonne semaine
Je t'imagines bien... en porte drapeau, pour la bonne cause !
RépondreSupprimerBiseeeeeeeeeeeeees de Christineeeeeeeeeeeee
Tu sais, je ne suis pas particulièrement prosélyte, compte tenu de ma déontologie personnelle, mais là, l'occasion était vraiment belle!
SupprimerBises!
Le féminisme n'a jamais tué personne, le machisme tue tous les jours." Benoîte Groult ...
RépondreSupprimerJe pense que vous connaissez mon idée sur le sujet ,je trouve que hélas parfois on aboutit à une idéologie des plus contestables qui ramènes à des clichés
C'est fort dommage
Bonne soirée
Toutes les idéologies, lorsqu'elles se réifient, deviennent des fanatismes sans intérêt. La réflexion doit constamment brider les positions qui peuvent trop facilement se radicaliser.
SupprimerJe me demande tout de même à quoi ressemble la nouvelle mouture du féminisme version 2012...
Bon dimanche
Bravo Marie-Josée, c'est une question qui doit être abordée, car les ados et les jeunes femmes semblent oublier le combat des femmes de 1974. Nous sommes en 2012, l'archaïsme et la cruauté ont pris une telle ampleur ! S'attaquer à une jeune fille ! Ces hommes sont des barbares d'un autre âge. Sont-ils des hommes d'ailleurs ! Ce n'est pas cela être humain. Le sexisme a trop pris d'ampleur, il est pire que jamais dans ces communautés, et si l'on n'y prend garde, il va empirer. La liberté tant chérie par les hommes est égale à celle dont doivent jouir les femmes. Nous sommes les mêmes êtres humains, avec les mêmes aspirations : réussir nos vies, et vivre libre.
RépondreSupprimerBisous Marie-Josée, calinous tout doux à qui tu sais
Nath.
Effectivement, Nathanaëlle, ce sont de questions qu'il faut aborder, même si j'ai parfois l'impression de marcher sur des oeufs, car mes classes comportent souvent six, sept, huit nationalités différentes, et je ne sais jamais exactement à qui j'ai affaire d'autant que le «clientélisme» qui domine dans des institutions comme la mienne, où l'enveloppe budgétaire attribuée est déterminée par le nombre d'étudiants, incite l'administration à se montrer très frileuse et à ne pas soutenir les enseignants qui auraient une parole un peu trop radicale.
SupprimerNe t'en fais pas, je transmets toujours tes bisous, deux fois plutôt qu'une!!!