pour Nadine
Je ne suis pas grande lectrice de poésie, car, comme pour le piano, il me semble que je n'apprécie les pièces qu'au moment où je les connais par cœur, ce qui réduit considérablement le nombre d’œuvres abordées...
Or, je me suis réveillée ce matin avec un poème d'Anne Hébert en tête. Je vous ai souvent parlé de Gabrielle Roy, mais je ne crois pas avoir évoqué Anne Hébert que j'ai pourtant beaucoup lue il y a longtemps, mais avec laquelle j'ai toujours eu un rapport plus distant qu'avec LA grande écrivaine de mon adolescence. Peut-être Anne Hébert est-elle plus dangereuse, somme toute, que Gabrielle Roy...
Car le poème appris il y a trente-cinq ans au moins, sans fioritures et très simplement écrit, n'en est pas moins lourd de sens :
Il y a certainement quelqu'un
Il y a certainement quelqu'un
Qui m'a tuée
Puis s'en est allé
Sur la pointe des pieds
Sans rompre sa danse parfaite.
A oublié de me coucher
M'a laissée debout
Toute liée
Sur le chemin
Le cœur dans son coffret ancien
Les prunelles pareilles
A leur plus pure image d'eau
Au réveil, il me manquait les derniers vers... J'ai cherché un bon moment, par entêtement, avant de finalement faire trois pas, car je dors au milieu de ma bibliothèque. Voici ce dernier quatrain :
A oublié d'effacer la beauté du monde
Autour de moi
A oublié de fermer mes yeux avides
Et permis leur passion perdue
En le lisant, je me suis dit : pour le temps qui reste devant qui est moindre que celui que je laisse derrière, pourquoi ne pas accorder une plus grande importance à certains des segments de phrase... la beauté du monde... les yeux avides... leur passion et oublier, cette fois, les premiers vers?
C'est la grâce que je me souhaite et que je vous souhaite...
P. S. Merci à la photographe
C'est ma participation indirecte à la photo de la semaine d'Amartia...