Petits essais en forme de notules

Malraux définit le lecteur par vocation comme celui qui jouit de «la faculté d'éprouver comme présents les chefs-d'oeuvre du passé»...



Je souscris à cette définition et m'attacherai à présenter ici quelques réflexions au fil de mes lectures qui suivent rarement l'actualité littéraire, pour le plaisir de partager découvertes ou, éventuellement, récriminations... . Quoique, la vie étant bien courte, il vaut mieux, dans la mesure du possible, écarter le désagréable lorsque cela, comme il arrive trop rarement, est en notre pouvoir et vouloir.






vendredi 18 janvier 2013

Photo de la semaine (39) : la petite danseuse de Degas



Vous la reconnaissez? Vous l'avez certainement déjà vue : c'est la petite danseuse de Degas adoptant une de ces positions si peu naturelles qu'on exige des ballerines.  Elle m'impressionne... comme souvent les sculptures dont la tridimensionnalité crée une présence que n'ont pas les peintures. Tout en elle n'est que tension.

La statue originale était en cire et elle avait reçu un accueil assez mitigé, en 1881, car Degas l'avait vêtue, comme l'est aussi cette réplique coulée en bronze aux alentours de 1920, d'un réel tutu de tulle, de même qu'il avait demandé à un fabricant de poupées de lui faire une queue de cheval donnant l'impression de véritables cheveux.  Certains critiques n'avaient guère apprécié cette touche naturaliste.

Pour ma part, cette oeuvre m'a remis en mémoire une expérience lointaine.  Vous connaissez le Sacro Monte d'Orta? Je viens de regarder quelques images à partir de Google, mais cela ne rend pas vraiment compte du souvenir que j'ai gardé, qui est toutefois vieux de trente ans.  La mémoire joue donc parfois des tours.

J'étais seule pour faire cette promenade qui devait m'acheminer de la résidence où j'habitais au petit traversier reliant la terre ferme à l'isola di San Giulio.  Je revois plusieurs petits édicules dont les fenêtres étaient obstruées par des barreaux. À l'intérieur, des personnages grandeur nature... des scènes bibliques? Je ne sais plus, car ils m'ont fait tellement impression que j'ai pris mes jambes à mon cou pour sortir le plus rapidement possible de la futaie et retrouver la lumière si douce sur le lac.

J'ai un problème avec la sculpture... Avez-vous parfois cette sensation vous aussi?



P.S. Vous pouvez voir ici une prise de vue de Christine de la version de la petite danseuse se trouvant à Orsay et un billet de Nathanaëlle...

***

Toujours est-il que c'est l'une des oeuvres que j'ai revues cette semaine au Musée des Beaux-Arts et que j'ai pu photographier, car le Musée a fait volte-face et a même permis les appareils sans flash -ce qui est tout à faits légitime- dans cette exposition temporaire présentant les chefs-d'oeuvre impressionnistes du Sterling and Francine Clark Institute. Je ne sais pas s'il en sera toujours de même pour les expositions temporaires, car l'institut Clark semble très libéral, invitant même ses visiteurs à enrichir la collection de clichés sur Flickr, mais, au moins, le droit de prendre des photos dans la collection permanente est-il rétabli, ce qui tombe pile pour le début de mon cours sur les courants artistiques. J'imagine donc que je n'ai pas été la seule à regimber et que  cela a contribué à faire peser la balance en faveur des photographes amateurs... Je me demande par contre où finissent tous les instantanés captés par les appareils téléphoniques.  Comme je ne veux pas avoir fait ces photographies pour le simple plaisir de les emmagasiner, je vous présenterai demain ou dimanche quelques peintures que j'aurai peut-être le plaisir de faire découvrir à certaines d'entre vous...

C'était ma participation à la photo de la semaine d'Amartia.