Vous connaissez toutes le principe du tag sur les blogs. Je l'ai, personnellement, découvert récemment.
Mon petit côté, mon grand côté rebelle devrais-je dire, s'oppose un tantinet à ce genre de chose. Par contre, par déformation professionnelle, il m'est difficile de ne pas répondre à une question posée. Je couperai donc la poire en deux et répondrai à l'invite d'AnnaLivia, mais sans relayer cette invitation à onze autres personnes. J'espère que tu ne m'en voudras pas. Si d'aventure quelqu'un a envie de poursuivre cette chaîne, qu'il soit le bienvenu...
Mon tableau préféré :
Est-il possible de répondre à pareille question? il faudrait préciser le Musée, la ville, le genre aussi. Sans compter le fait qu'ayant vu la plupart des tableaux sous forme de reproduction, puis-je avoir une idée juste de ce que j'aimerai au moment où je verrai l'original et ne dirai-je pas, comme le narrateur devant madame de Guermantes : «C'est cela? ce n'est que cela madame de Guermantes?» la particularité du travail de l'imagination, chez lui, l'amenant toutefois à se recomposer presque aussitôt une image mentale pour mieux dénier la réalité qu'il a sous les yeux, le tout s'appuyant, dans le cas précité, sur un simple sourire anonyme de la duchesse dans l'église de Combray.
Mais cela ne résout pas mon problème. Disons que je choisirai un tableau auquel je vais toujours rendre visite lorsque je vais au Musée des Beaux-Arts de Montréal : le tableau d'Emmanuel de Witte.
Je commencerai, la semaine prochaine, une série sur les oeuvres du Musée des Beaux-Arts de Montréal, la grève estudiantine me permettant enfin d'avoir accès aux archives qui sont rarement ouvertes. Il faudra toutefois un certain temps avant que je ne vous parle de ce peintre hollandais, car j'entends débuter par les tableaux d'artistes canadiens, moins bien représentés, me semble-t-il, dans les bases de données et dans les billets de nos spécialistes en peinture : Alba, Nathanaëlle et Tilia.
Disons, pour le moment, que le calme de cette scène, le jeu de lumière à la Vermeer, mais venant de la direction opposée à celle que l'on retrouve chez le peintre du petit pan de mur jaune, et la perspective qui nous invite à entrer pour écouter la joueuse d'épinette sont autant d'éléments de réjouissance pour l'oeil dans cette oeuvre qui s'intitule justement Intérieur avec une femme jouant de l'épinette.
Votre poète préféré :
Chère AnnaLivia, tu connais mon goût des méandres et des digressions pour les avoir subis en classe pendant toute une session. Tu vois, je crois que j'aurai de la difficulté à répondre à cette question. J'ai un handicap face à la poésie... Un peu comme les oeuvres pour piano qu'il me faut mémoriser pour vraiment les apprécier, je n'aime que les poèmes que je peux apprendre par coeur, ce qui réduit un tantinet mes lectures et découvertes dans le domaine, tu en conviendras. Je pourrais contourner la difficulté en te disant que j'opterai plutôt pour un romancier qu'il ne me semble pas avoir besoin de nommer, mais je cesserai, pour une seconde, d'être mauvaise élève et je te dirai que, du côté québécois à tout le moins, je reviens souvent à quelques textes de St-Denys-Garneau et en particulier à celui-ci :
Je ne suis pas bien du tout assis sur cette chaise
Et mon pire malaise est un fauteuil où l'on reste
Immanquablement je m'endors et j'y meurs.
Mais laissez-moi traverser le torrent sur les roches
Par bonds quitter cette chose pour celle-là
Je trouve l'équilibre impondérable entre les deux
C'est là sans appui que je me repose.
Certes, ce n'est pas l'économie des vers de Racine, tellement beaux dans leur sobriété. Ou la fulgurance d'un vers de René Char qui suffit à peupler une journée... il y a cependant, dans l'oeuvre de St-Denys-Garneau un mal-être qui fait écho à celui de sa génération de créateurs canadiens-français et, pour cela, je m'y retrouve.
Votre livre préféré :
Je ne voudrais pas être redondante en citant à nouveau Proust. J'hésite donc entre deux oeuvres : Les Thibault de Roger Martin du Gard et L'Ultime Alliance de Pierre Billon.
On ne se lasse pas de la lecture de Proust, pour mille et une raisons. J'en sélectionnerai une, la plus évidente peut-être : la richesse de l'expression.
Dans le cas de Martin du Gard et de Billon, ce sont surtout de superbes raconteurs d'histoires. Ici, pas d'effets de toge, si je puis dire, le style disparaît devant le récit qu'on ne peut plus lâcher.
Une gourmandise qui vous fait plaisir :
Je surprendrai Françoise à laquelle je rappelle, de temps en temps, mon végétarisme naissant, mais pas AnnaLivia qui m'a déjà invitée pour ce festin cannibale : une fois par an, je mange un vrai tartare de boeuf avec des frites! Je suis une adepte du cru, mais ce sont le plus souvent les poissons qui ont ma faveur, mais le tartare...MIAM!!!
Une ville où vous aimeriez vivre :
J'espère que je ne serai pas bannie pour toujours et à jamais par mes copinautes comme dit Michelaise, mais j’avoue que, bien que je me languisse de Paris et que les vacances italiennes sont toujours bienvenues, j'élirai probablement plus volontiers domicile, parmi les villes que je connais s'entend, à New York! Pour Central Park, pour la richesse des musées et pour la folie de cette ville survivante devenue plus aimable après septembre 2001.
Je prendrai encore une autre liberté avec les règles du jeu en vous revenant à un autre moment pour la suite... Sans rancune, AnnaLivia!
Bonne semaine!
P.S. Ma déformation pédagogique me souffle qu'il aurait peut-être été intéressant de savoir si qui est représenté sur la dernière mosaïque :
sur la ligne du haut : l'Empire State Building pendant les vacances de Noël; Central Station; un détail du Balzac de Rodin; une des petites silhouettes ornant la station de métro Prince Street;
sur la ligne du bas : ma pomme devant Times Square; un détail d'une toile de Bruegel; le détail d'une des fresques du Chrysler Building; le portrait de Gertrude Stein par Picasso et, juste au-dessus, un détail d'une toile de Klimt.