À l'heure où j'écris ces lignes, la collection impressionniste des époux Clark s'apprête à quitter Montréal pour continuer ses pérégrinations en attendant que les cimaises de l'institut qui l'accueille généralement puissent la recevoir de nouveau.
Contrairement à mon habitude, je vais vous présenter à chaud quelques toiles photographiées ce vendredi, car je m'aperçois que, lorsque je veux approfondir et faire quelques recherches, pente naturelle liée à ma profession, je manque de temps et je finis par reléguer mon billet aux oubliettes. Soyez donc clémentes et que les expertes comme Tilia et Nathanaëlle fassent preuve de quelque indulgence : je ne suis pas certaine que mes admirations de béotienne leur apprennent grand'chose.
Fi des tergiversations : je me lance!
Première salle :
Cette première salle était tout entière consacrée au paysage et à la nature morte, genres longtemps considérés comme mineurs, en pleine expansion dans la seconde moitié du XIXe siècle. Je n'ai pas de clichés de cette salle qui était, au demeurant, assez sombre, car ne voulant ni gêner ni être gênée, je me suis rapidement dirigée vers la seconde. J'avais toutefois retenu quelque chose de ma visite de la semaine dernière : peut-être est-ce un fait que vous connaissez très bien, mais j'avoue que cela m'a touchée et que je me suis dit que j'en parlerais à mes étudiants qui sont souvent d'assez fervents défenseurs de la préservation de la nature : les peintres de l'École de Barbizon et, tout particulièrement, Théodore Rousseau, sont à l'origine de la préservation d'une section de la forêt de Fontainebleau s'étendant sur 1 097 hectares, constituée en
réserve artistique. Cela m'a rappelé l'action de l'illustratrice Beatrix Potter qui, à sa mort, légua plus de seize kilomètres carrées de terre au National Trust d’Angleterre afin que les paysages et les fermes qu'ils abritaient soient conservés.
À défaut de vous présenter mes photos de cette salle, voici la toile de Rousseau qui inaugurait l'exposition :
La ferme des landes- la maison du garde (1844-1867).
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Cette illustration est empruntée à la Berkshire review qui a consacré un article à cette toile au moment de son entrée dans la collection du Clark Institute en 2010. |
Seconde salle :
Pissarro, Monet et Renoir se côtoyaient dans cette salle. D'ailleurs, Renoir avait un rôle privilégié dans l'exposition, non seulement par le grand nombre de ses peintures, mais aussi par toutes les citations émaillant le parcours qui étaient toutes de sa plume. De lui, j'ai retenu ce Coucher de soleil qui date de 1879 ou de 1881, on ne sait pas exactement.
Le carton explicatif indiquait qu'on la rapprochait parfois d'Impression, soleil levant (1874) de Monet qui est à l'origine de l'appellation du mouvement. Ce qui m'a surtout retenue ici, c'est la touche de Renoir dont l'extrême diversité m'avait frappée lors d'une importante rétrospective présentée en 2007 au Musée national des Beaux-Arts à Ottawa. De Renoir, je connaissais jusque-là ce que tout le monde connaît. Le détail ci-dessous d'une toile de la collection permanente du Musée de la capitale nationale est ce que l'on associe souvent à ce peintre :
La touche assez léchée n'a plus aucune texture. C'est une toile assez tardive de Renoir (1902-1903) montrant son fils Claude dans les bras de sa nourrice, Renée Jolivet. Cette oeuvre est d'ailleurs intitulée : Claude et Renée. J'avoue n'avoir pas beaucoup d'intérêt pour cette oeuvre et préféré nettement celle-ci :
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Cette toile s'intitule Près du lac et date de 1880. |
qui est bien antérieure.
Mais je m'égare, car ces deux dernières oeuvres n'étaient pas présentes dans l'exposition dont je suis en train de vous parler.
L'heure avançant et les obligations domestiques se faisant plus pressantes -entendre grand chien faisant du chantage nezmotif, collie oblige, pour avoir sa promenade que je ne veux pas faire à cause du froid de canard- je vais vous laisser pour aujourd'hui sur cette toile de Monet que j'ai beaucoup aimée et qui met en scène non pas
les colverts d'Aloïs, mais des oies :
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Les oies dans le ruisseau, 1874 |
C'est ici tout autant la luminosité de l'oeuvre dont les couleurs ne semblent pas avoir été ternies que la variété de la touche qui m'ont retenue. Voici ce que précisait le premier paragraphe du petit carton explicatif : «Le début des années 1870 constitue une période cruciale dans l'évolution artistique de Monet. Sa palette s'éclaircit et il peint de plus en plus souvent en petites touches répétées afin de saisir les effets de la lumière dans l'air, dans le feuillage qui bruisse ou sur l'eau qui ondoie. L'artiste utilise en général le format paysage -horizontal. Ici, contrairement à son habitude, il utilise ce rare format portrait.»
Je vous laisse avant que la direction de la protection des animaux n'intervienne, car je laisse mon grand chien aboyer depuis tantôt. Il faut dire qu'elle n'est guère patiente!
Rendez-vous mardi en fin de journée si je ne meurs pas congelée d'ici là...