Vous la reconnaissez? Vous l'avez certainement déjà vue : c'est la petite danseuse de Degas adoptant une de ces positions si peu naturelles qu'on exige des ballerines. Elle m'impressionne... comme souvent les sculptures dont la tridimensionnalité crée une présence que n'ont pas les peintures. Tout en elle n'est que tension.
La statue originale était en cire et elle avait reçu un accueil assez mitigé, en 1881, car Degas l'avait vêtue, comme l'est aussi cette réplique coulée en bronze aux alentours de 1920, d'un réel tutu de tulle, de même qu'il avait demandé à un fabricant de poupées de lui faire une queue de cheval donnant l'impression de véritables cheveux. Certains critiques n'avaient guère apprécié cette touche naturaliste.
Pour ma part, cette oeuvre m'a remis en mémoire une expérience lointaine. Vous connaissez le Sacro Monte d'Orta? Je viens de regarder quelques images à partir de Google, mais cela ne rend pas vraiment compte du souvenir que j'ai gardé, qui est toutefois vieux de trente ans. La mémoire joue donc parfois des tours.
J'étais seule pour faire cette promenade qui devait m'acheminer de la résidence où j'habitais au petit traversier reliant la terre ferme à l'isola di San Giulio. Je revois plusieurs petits édicules dont les fenêtres étaient obstruées par des barreaux. À l'intérieur, des personnages grandeur nature... des scènes bibliques? Je ne sais plus, car ils m'ont fait tellement impression que j'ai pris mes jambes à mon cou pour sortir le plus rapidement possible de la futaie et retrouver la lumière si douce sur le lac.
J'ai un problème avec la sculpture... Avez-vous parfois cette sensation vous aussi?
P.S. Vous pouvez voir ici une prise de vue de Christine de la version de la petite danseuse se trouvant à Orsay et un billet de Nathanaëlle...
***
Toujours est-il que c'est l'une des oeuvres que j'ai revues cette semaine au Musée des Beaux-Arts et que j'ai pu photographier, car le Musée a fait volte-face et a même permis les appareils sans flash -ce qui est tout à faits légitime- dans cette exposition temporaire présentant les chefs-d'oeuvre impressionnistes du Sterling and Francine Clark Institute. Je ne sais pas s'il en sera toujours de même pour les expositions temporaires, car l'institut Clark semble très libéral, invitant même ses visiteurs à enrichir la collection de clichés sur Flickr, mais, au moins, le droit de prendre des photos dans la collection permanente est-il rétabli, ce qui tombe pile pour le début de mon cours sur les courants artistiques. J'imagine donc que je n'ai pas été la seule à regimber et que cela a contribué à faire peser la balance en faveur des photographes amateurs... Je me demande par contre où finissent tous les instantanés captés par les appareils téléphoniques. Comme je ne veux pas avoir fait ces photographies pour le simple plaisir de les emmagasiner, je vous présenterai demain ou dimanche quelques peintures que j'aurai peut-être le plaisir de faire découvrir à certaines d'entre vous...
C'était ma participation à la photo de la semaine d'Amartia.
Une bonne nouvelle que tu puisses photographier dans ce musée. Je vois que tu es sortie de tes copies. J'espère que tu vas mieux.
RépondreSupprimerTu sais, Amartia, avec ces sessions comprimées, un paquet terminé, il en arrive un autre, mais je ne voudrais pas vous lasser avec mes jérémiades en boucle! J'ai donc pris du temps pour aller au Musée, car cette exposition se termine ce dimanche. Il fallait, par conséquent, que je m'accorde une pause, la collection Clark valant très nettement le déplacement!
SupprimerBonne semaine
Moi qui aime tant toucher, sentir la matière, je ne suis pas très sculpture! Les seules qui m'attirent sont les mélanges de pierre lisse et brute, mais ces représentations humaines ne me parlent pas. Pourtant, je reconnais sur ce visage concentré un air qui m'est familier... Bonne fin de semaine.
RépondreSupprimerLe rapport à la sculpture me semble plus complexe que le rapport à la peinture. Peut-être est-ce dû en partie au fait que la présence dans l'espace de ces «objets» est tout de même moins fréquente que celle des images dont les peintures se rapprochent. C'est en tout cas une question à creuser...
SupprimerBonne semaine
Ah, la petite danseuse ! Je l'avais rencontrée au musée d'Orsay il y a quelques années (lorsque les photos y étaient encore autorisées) et je vois qu'elle a bien voyagé.
RépondreSupprimerJe suis contente que tu ais photographié son buste. Du coup, cela complétera parfaitement mon ancien billet que j'ai retrouvé.
Biseeeeeeeeeeeeeeeeeeees de Christineeeeeeeeeeeeeee
PS/ Peux-tu mettre un titre à ton billet, pour que je puisse le mettre en lien sur l'Ardoise ?
RépondreSupprimerMerci !
Rebiseeeeeeeeeeeees
Voilà Christine! J'ai modifié le titre et je t'ai mise, ainsi que Nathanaëlle, à la fin du passage sur la petite danseuse. Opération réseautage complétée!
SupprimerBonne fin de dimanche
Merciiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !
SupprimerAh ! Les musées et leurs politiques d'autorisation (ou pas) de photographier, c'est un vrai poème.
RépondreSupprimerPour ma part c'est en voyant au Musée de l'homme (à moins que ce ne soit au Musée des arts africains) une femme empaillée que j'ai eu un haut-le-cœur.
Que dire, aussi, de l'expérience suivante : voir une enfant d'une dizaine d'années dont la figure est intégralement recouverte de plâtre pour obtenir un moulage! Deux petites pailles de verre lui permettaient de respirer... Du coup, c'est moi qui me suis trouvée mal!
Supprimerj'aime beaucoup la première photo.
RépondreSupprimerPhotographier dans les musées ou pas, c'est vrai que les flashs c'est à proscrire, mais pour le reste, si les tableaux sont assez anciens pour ne plus être sous copyright
Je ne sais pas ce qui a modifié la décision toute récente des administrateurs du Musée. Généralement, les musées des pays anglo-saxons sont plus tolérants alors que les pays latins sont très à cheval sur les interdictions. Ici, nous sommes au carrefour. Je vais, en tout cas, me dépêcher de faire les clichés dont j'ai envie dans la collection canadienne avant que le «vent ne vire de bord» encore une fois!
SupprimerBonne semaine
je me réjouis de voir la suite...
RépondreSupprimerj'aime cette sculpture.. plus fort que les pastels...( mon humble avis)
Oui... il y a quelques toiles que je ne connaissais pas et dont je mettrait les clichés en ligne cet après-midi, ce qui donnera probablement une lecture lundi matin pour les blogueuses d'outre-Atlantique...
SupprimerJe l'avais déjà vue mais j'ai toujours plaisir à la revoir et je suis bien gréée de ton beau partage ! C'est vrai qu'il est de plus en plus difficile de photographier dans les musées même sans flash !
RépondreSupprimerJ'attends avec impatience la suite de la visite !
Bonne fin de semaine
A très bientôt
Comme je le disais à Elfi, la suite sera visible cet après-midi à une heure trop tardive, décalage oblige, pour vous. Il faudra donc un peu de patience...
SupprimerBonne semaine
Je suis très sculpture et j'aime les toucher, même si cela aussi n'est pas permis dans les musées.
RépondreSupprimerFermer les yeux et deviner les courbes, la matière, les muscles, les nerfs est pour moi plus important que le sens visuel ou du moins c'est très complémentaire.
Mais j'attends tes autres photos sur les peintures avec impatience.
Gros bisous et belle journée.
Je ne crois pas me tromper en disant qu'il y a quelque temps, le Musée a programmé des visites pour les aveugles pendant lesquelles on autorisait le toucher et pour cause... mais effectivement, cette appréhension par un autre sens que la vue serait un plus. Peut-être, toutefois, qu'on finirait pas user les statues. Il y a un joli passage dans le Combray de Proust où il décrit les portes de l'église de ce petit village comme ayant été érodées par le doux frottement des mantes des paysannes depuis des siècles. Il faudrait que je te le retrouve...
SupprimerJe suis heureux d'avoir découvert votre blog très interessant et si riche.Je connais un peux l'oeuvre de Degas mais plutôt sa peinture.Chez moi il y a une petite gravure des trois faces de la jeune fille et qui appartenait à ma grand mère.J'ai aussi une passion pour l'ouevre de Fantin Latour et bien d'autres.
RépondreSupprimerComme vous je suis professeur (langue et litérature)retraitée.J'aime aussi l'oeuvre et la pensée de S.Weill.J'aime,aussi, beaucoup d'autres écrivains et philosophes.Les livres son mes grands amis.Dans ma vie ils sont,jusqu'a présent,toujours à mon coté.
Il faut vous dire,comme présentation,que je suis portugaise,fille d'espagnol,grand fille de française et du coté ma mère de famille portugaise.Pour agrandir cette famille je me suis mariée avec un jeune(à l'époque)de Azores.Mes enfants et mes petits enfants y sont nées et ils vivent dans île.
Et bien, j'ai beaucoup dit.Un peu ad latere.Je vous assure que c'est la 1ère fois que je laisse un commmentaire.Ça explique?
À bientôt et bon we.Maria Ana
Bonjour Maria Ana,
SupprimerSoyez la bienvenue! Comment dit-on cela en portugais?
Le hasard fait bien les choses, car je me disais qu'il manquait une présence portugaise dans notre petite communauté, l'Espagne étant déjà représentée par Alba.
J'ai d'ailleurs dans mes cartons un projet de billet sur ce que je sais du Portugal à travers trois lectures récentes : Train de nuit pour Lisbonne de Pascal Mercier, Portugal de Pedrosa, un imposant album de Bandes dessinées et une aventure de monsieur Jean, de Dupuy et Berberian...
J'espère que vous repasserez me voir de temps en temps.
Au plaisir de vous lire
J'aime beaucoup les sculptures et je comprends qu'une ronde-bosse puisse produire une très forte impression comme cette danseuse de Degas. Je crois me souvenir que, pour l'original, l'artiste avait utilisé une cuiller en guise de colonne vertébrale, mais je ne suis plus trop certaine de cette anecdote apprise autrefois. Ce qui pouvait interroger le public, à mon avis, c'est le rapport direct au corps humain et l'idée de la vie (que donne l'oeuvre sculptée) qui contient aussi celle de la mort (la cire, les cheveux). Cela me semble un sujet d'autant plus passionnant que Degas ne l'a pas occulté. Mais mon interprétation est évidemment à débattre.
RépondreSupprimerBonne soirée, Marie-Josée!
Je suis tout à fait d'accord avec vous, Anne.
SupprimerVous connaissez le vers qui débute «le Tombeau d'Edgar Poe» de Mallarmé?
«Tel qu'en lui-même enfin l'éternité le change [...]»
Mon premier brouillon de texte utilisait la formule de Blanchot : la présence de l'absence... Je m'y demandais dans quelle mesure la sculpture n'a-t-elle pas toujours quelque chose des gisants. Puis, en me promenant sur Sherbrooke pour reprendre mon train, j'ai vu un bronze nouveau d'un étudiant perché sur le dossier d'un banc. Le sujet de cette sculpture tient au fait que nous sommes, à cette hauteur, tout juste en face de l'université McGill. Je la photographierai bientôt, mais avec les -15 de vendredi, je ne voulais pas me geler les doigts. Cette sculpture, réaliste et très «vivante» m'a fait remettre en cause ma généralisation.
C'est une question que je vais creuser, car j'essaierai d'intégrer un peu plus la sculpture à mon cours cette année.
Très bonne semaine à vous et merci de votre réflexion.
J'ai hâte de découvrir la sculpture dont vous parlez. Mais vous avez raison d'attendre le redoux. - 15°? J'en ai des frissons rien que de l'imaginer!
SupprimerJe vous souhaite une bonne semaine pas trop froide.
Coucou Marie-Josée !
RépondreSupprimerJe vois que tu t'es sortie avec brio de la correction des copies lol
Tu as pu photographier cette merveilleuse statue ! Elle est divine !
Il y a en elle comme une âme, un port de reine...
J'avais fait un billet sur elle en 2010 :
http://arts-lubies.blogspot.fr/2010/06/la-petite-danseuse-de-14-ans.html
Je reviens demain pour voir la suite... woooow ! Génial !
Bisous, calins à la choupette Honey
Oui, Nathanaëlle! La nouvelle pile a dû attendre quelque peu, car je ne voulais pas manquer l'occasion de retourner vers cette exposition pour y faire quelques clichés.
SupprimerJ'ai renvoyé à ton billet en P.S. là-haut! D'ailleurs, je vais bientôt revenir pour écumer ton blog, histoire d'y trouver quelques idées pour le plan de cours que je devrai confectionner la semaine prochaine. Tilia et toi serez mes deux mentors!
Très bonne semaine à toi
Coucou Marie-josée !
SupprimerA propos, quel est ton petit problème avec la statue ? Son petit air mutin ? lol Je l'aime beaucoup, elle est "presque réelle", tout à fait extraordinaire...
Ecume, écume...j'en suis ravie ! Bisous
Alors Marie-Josée ! n'oublie pas de mettre le TITRE à ton billet ! J'en ai besoin pour faire le lien !!
RépondreSupprimerrebiseeeeeeeeeeeeees !
Merciiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !
SupprimerCela dépend des sculptures Marie-Josée, il y en a qui appelle la caresse par leur forme ou leur matière. j'ai vu cette danseuse il y a longtemps c'est sa taille qui m'avait impressionnée !
RépondreSupprimerbon dimanche...sous la neige à notre tour
(Finies les corrections ???)
Vous avez raison, Josette! C'est la nuance que j'ai apportée dans ma réponse à Anne un peu plus haut...
SupprimerLes corrections sont terminées, mais une autre brassée vient d'arriver! On survivra, comme il n'est pas possible d'aller jouer dehors pour cause de grand froid!
Bonne nouvelle cette autorisation des photos de nouveau possibles au musée des Beaux-Arts. Voila qui promet de belles découvertes dans vos notules.
RépondreSupprimerQuestion sculptures, la plupart d'entre elles me laissent de marbre. J'ai toujours préféré la peinture et les danseuses de Degas ont marqué mon adolescence.
J'aime beaucoup la peinture, mais la sculpture et l'architecture m'attirent aussi... Ma trop grande gourmandise m'empêche toutefois d'approfondir comme vous le faites vous-même si bien!
SupprimerOn ne se refait pas à mon grand âge ;0)