Car lorsqu'arrivent les grandes vacances et que les piles de copies ont enfin disparu de mon horizon pour quelques mois, au lieu de me plonger avec délices et convoitise dans la lecture de mes ouvrages favoris, j'hésite, je tergiverse, je commence, j'abandonne, je reprends, je tourne autour... Il y a la pile «littérature», la pile «Cégep», celle des essais...
- Mais, justement, dans l'un de ces derniers, L'éloge de la lenteur,l'auteur soutient qu'au coeur de la philosophie de la lenteur se trouve le principe qu'il faut faire moins pour faire mieux... Ne pourrais-tu utiliser ce précepte, avec lequel tu es au demeurant assez d'accord, et l'appliquer à ta boulimie livresque?
-You bet! Je peux toujours essayer. Ma réussite serait pourtant davantage assurée si j'appliquais à ma condition de lectrice celle qui a rendu l'écriture de Sade possible.
-Plaît-il?
-Sade disait qu'il bénissait ses années d'incarcération, car, sans elles, il n'aurait probablement jamais rien écrit.
-Oui. Il est très explicite : «The only thing that could spoil a day was people and if you could keep from making engagements, each day had no limits.»
-Pas très sociable sauf lorsqu'il a faim et qu'il s'invite chez Gertrude Stein pour les bons alcools et les gâteaux.
-Je pensais plus aux incitatifs qui viennent des médias. Par exemple, je suis en train de lire la dernière enquête de Brunetti, The Girl of his Dreams, et j'y prends un grand plaisir, car c'est un roman policier comme je les aime où la vie du héros, son entourage, les petits plats que prépare sa femme, Paola, occupent plus de place que les meurtres sanguinolents. Mais, patatras, au même moment paraît le nouveay Vargas, L'armée furieuse, et Vargas, c'est MA découverte dans le domaine policier ces dernières années et je suis donc tiraillée entre le désir de m'installer confortablement à Venise et celui de me précipiter sur L'armée furieuse!
-Deux policiers pour les sept semaines de vacances estivales encore en réserve, ce n'est pas la mer à boire!
-Mais non, mais, tu ne comprends rien!!! Il y a aussi les ouvrages de Colette que j'aimerais bien relire, puisqu'il faut toujours un Colette pour rafraîchir en temps de canicule. Et Nancy Huston... Depuis Dolce agonia, je l'ai un peu délaissée et Une adoration, Lignes de faille et L'espèce fabulatrice attendent patiemment mon bon vouloir. Sans compter Infrarouge que je ne possède pas encore...
-Tu ne lis que des auteurs féminins?
-Pas forcément, mais, comme les femmes produisent depuis moins longtemps, je peux vivre avec l'espoir de faire un jour le tour de ce corpus, parce que, pour les auteurs masculins, il faut remonter jusqu'à Homère... Misère! C'est vrai, je voulais lire les tragiques grecs aussi...
-Tu m'énerves!
- Je m'épuise moi-même, ce qui n'est pas la meilleure des idées : j'ai besoin de toute mon énergie pour commencer à entreprendre ne serait-ce que le début des permiers livres de mon programme de lecture!
-Sais-tu, je crois que je vais te laisser.
-Tu en as marre? Tu ne serais pas le premier. Déjà, à l'école secondaire, une condisciple m'avait offert un signet qui disait : «Rejette la soif des livres, si tu ne veux pas mourir en murmurant, mais véritablement apaisé.»
-Peut-être as-tu retenu la phrase de Marc-Aurèle, mais, pour la leçon...
: ))))
RépondreSupprimerSympa le billet!
Je m'y reconnais bien sûr...
Je suis aussi en train de lire le même Leon que toi. J'avance péniblement... J'ai parfois envie de lui dire: Get to the point!
Buona sera!
Ne sois pas trop impatiente! Pour moi, c'est ma manière de déambuler dans Venise à défaut d'y aller vraiment en ce moment...
RépondreSupprimerQuel terrible dilemme ! j'éprouve la même chose avec les peintres. Il faut toujours écouter la petite voix qui cause au fond de soi.
RépondreSupprimerCôté lecture, depuis que je blogue, je lis beaucoup moins de romans. Mon livre de chevet, que je viens de commencer, est écrit par une femme. C'est un roman historique basé sur la correspondance des "héros", tellement bien rédigé qu'il se lit tout seul.
Ici les ânes (et tout le bétail) manquent de foin. Des éleveurs ont dû se résoudre à abattre leurs bêtes, c'est triste. Heureusement qu'il fait un peu moins chaud, mais ça ne va peut-être pas durer...
Alors, bonnes vacances, sans canicule et avec beaucoup de joies dans vos lectures.
Bonjour Tilia,
RépondreSupprimerCe n'est pas drôle cette canicule qui dure depuis deux bons mois déjà, non?
En ce qui concerne la page des «mémoires d'une ânesse», j'ai un peu forcé le trait, pour l'humour...
En réalité, l'âge aidant, mes ambitions deviennent plus modestes, dans le domaine de la lecture comme ailleurs, et j'essaie surtout d'appliquer le type d'attention préconisée par Simone Weil à ce que je lis : me concentrer sur le moment en faisant abstraction de ce que je sais.
Merci pour la référence. Cela prolongera mes lectures pour le Bac où j'ai eu comme sujet : l'URSS en 1917. C'était il y a quelques décennies déjà ;0)
Bonjour Marie-José,
RépondreSupprimernotre amie commune, Nadine L., m,a fait part de l'adresse de votre blogue.
Je vais aller m'y promener dans la journée.
Dominique B.
Ici, ce n'est pas vraiment la canicule qui provoque la sécheresse, du moins en Île-de-France. Nous n'avons eu que deux ou trois jours avec des températures de 30°. Le problème c'est qu'il ne pleut pour ainsi dire pas. Aujourd'hui par exemple, le temps est couvert, mais il ne tombe pas une goutte d'eau !
RépondreSupprimerBonjour Dominique,
RépondreSupprimerBienvenue sur mon blogue! il me fera plaisir de lire vos commentaires.