Petits essais en forme de notules

Malraux définit le lecteur par vocation comme celui qui jouit de «la faculté d'éprouver comme présents les chefs-d'oeuvre du passé»...



Je souscris à cette définition et m'attacherai à présenter ici quelques réflexions au fil de mes lectures qui suivent rarement l'actualité littéraire, pour le plaisir de partager découvertes ou, éventuellement, récriminations... . Quoique, la vie étant bien courte, il vaut mieux, dans la mesure du possible, écarter le désagréable lorsque cela, comme il arrive trop rarement, est en notre pouvoir et vouloir.






lundi 7 mars 2011

Tempête du siècle

Le jardin enfoui en ce 7 mars
Mars est là depuis quelques jours. Je lis les blogs d'heureux résidents de la région parisienne ou de la  Champagne, qui décrivent les joies retrouvées du printemps.! Je lève le nez pour regarder par la fenêtre et je vois, poussés par le vent, les flocons qui ne cessent de s'accumuler.  Je veux tout de suite des vacances et un billet d'avion pour aller n'importe où, pourvu que je puisse porter des chaussures plutôt que des bottes et  un léger blouson sans plus. Sinon... je ressors ma formule préférée, héritée de ma mère : «Je vais me pendre avec un élastique!» et je passe à l'action.



Il y a quarante ans, ma réaction n'avait pas été tout à fait la même au moment de ce que nous appelons ici «la Tempête du siècle» : 47 centimètres de neige tombés en quelques heures qui s'ajoutaient aux 56 autres déjà au sol et que faisaient valser les vents en rafales.  Un Sahara de neige aux dunes de plus en plus élevées!


La neige permettait de rejoindre le toit
 Il faut ajouter qu'à neuf ans, on voit les choses d'un autre oeil : l'école fermée, pendant plusieurs jours qui plus est, le camping au sous-sol autour du poêle à bois dont les deux petits ronds servaient à préparer des repas chauds puisque les pannes d'électricité étaient généralisées, les soirées à la chandelle! C'était tout bonheur.

Ma mère ne montrait pas trop une inquiétude pourtant  bien légitime, car mon père était hospitalisé depuis quelques mois et elle était donc seule pour tenir le fort en ces circonstances exceptionnelles.

Rien ne fonctionnait plus puisque les routes n'étaient praticables qu'en motoneige ou à ski.  Et cette fameuse neige accumulée sur le toit le menaçait d'effondrement à cause du poids de cette masse blanche tombée en quelques heures à peine.

Nous avions reçu la consigne de ne rien dire à mon père au téléphone pour ne pas l'inquiéter.  Il devait pourtant bien se douter de quelque chose, ne serait-ce qu'à cause des fous rires dont nous ponctuions nos conversations...


 Toujours est-il que le secours nous vint de la grande ville : d'anciens élèves de ma mère, qui avait été institutrice à Montréal avant de se marier, partirent de Rosemont en motoneige pour venir déneiger la toiture.  Combien de temps mirent-ils pour arriver ìci avec ce moyen de transport? Je l'ai oublié et les personnes qui auraient pu s'en souvenir ne sont malheureusement plus là.


L'année 2008 aussi fut particulièrement enneigée. Il y eut très certainement plus de neige au sol qu'en 1971.  Mais pas en une seule fois.  Pas aussi rapidement non plus.  Et surtout, je n'avais plus du tout neuf ans...

P.S. La photographie de la motoneige provient d'un album mis en ligne sur le site Facebook du téléjournal de 18h dont voici le lien : http://www.facebook.com/tj18h

4 commentaires:

  1. Ma mère m'a raconté cette fameuse tempête! Hallucinant ce que la nature peut faire.
    Moi aussi j'aimerais bien un billet d'avion vers le printemps...
    Marre de l'hiver, des pelles, du froid et de la neige!
    Forza!

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  2. -20 cette nuit... On dévalise une banque???

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  3. Quelle bonne idée, la banque !!

    C'est incroyable ce que vous vivez dans le grand nord, ici il fait soleil...Enfin.

    J'aime beaucoup cette histoire et les photos aussi, et ce petit pavillon dans ton jardin, il est trop mignon. Tu as raison avec tes yeux de 9 ans le toit enneigé n'était que du bonheur !

    C'est ce fameux toit que tu déneiges encore aujourd'hui...:-))

    Bonne journée Felice et merci pour ce récit.

    Bises du jour ou de la nuit.

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  4. La banque? de photos?

    Le pire, tu sais, c'est que ce n'est pas du tout le grand nord comme tu dis, mais les basses terres du St-Laurent. En réalité, si on repoussait la frontière américaine de quelques centaines de kilomètres, la population québécoise serait réduite à bien peu de chose... Alors, imagine ce qui se passe véritablement chez les Inuits! Un autre récit de Gabrielle Roy a parlé de cette vie du nord : La rivière sans repos... Si jamais tu manques de lectures ;0)

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